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365 jours en Bourgogne

Le Beaujolais se déchire : la Bourgogne en recours

4 Janvier 2015 , Rédigé par Laurent Gotti Publié dans #polémique

C'est un peu plus qu'une histoire de Clochemerle qui se joue dans le Beaujolais. Mais une opposition entre des visions du vin différentes. un face à face dans lequel la Bourgogne aura immanquablement son mot à dire...

"Nos vins se vendent bien, ils sont appréciés... Tant qu'on évite de préciser que nous sommes dans le Beaujolais !", Discours tenu par beaucoup de vignerons des crus du Beaujolais ces dernières années. L'histoire était donc écrite d'avance. Les crus du Beaujolais font sécession : ils ne souhaitent plus apporter leur contribution à l'Union des vignerons du Beaujolais*. L'annonce a été faite le 18 décembre dernier.
A mesure que les appellations Beaujolais et Beaujolais-villages s'enfonçaient dans la crise, les crus ne pouvaient que se désolidariser de leurs voisines du sud. Trop dépendantes de l'effet beaujolais nouveau, devenu délétère. Trop suspendues à un négoce chargé de redorer un blason largement terni. Trop longtemps coupées des amateurs de vin et donc incapables de sentir le vent tourner.
Quelle communauté d'intérêts peut subsister entre un producteur de moulin-à-vent qui vend une bonne partie de ses vins aux particuliers et un producteur de primeurs se "débarrassant" de la totalité de ses cuvées dès le mois d'octobre venu ?
Le Beaujolais est le théâtre d'une véritable catastrophe industrielle silencieuse, sournoise. Elle laisse des traces. Un chiffre, sec et froid, pour la quantifier : plus de 6 000 hectares de vignes (sur 23 000) disparus en une décennie.

Tout cela aux portes d'une Bourgogne plus que jamais triomphante. Insolente presque. Les crus du Beaujolais regardent irrésistiblement vers le nord et voudraient se délester du sud. Ne plus entendre parler de beaujolais nouveau, mais se placer en orbite autour des prestigieuses appellations bourguignonnes.*
De son côté la Bourgogne, en manque de vin, fait les yeux de Chimène aux crus du Beaujolais. Ces dernières années ont été marquées par les annonces de maisons historiques venues investir dans le Beaujolais. En novembre dernier, Joseph Drouhin officialisait son partenariat avec les Hospices de Belleville.

Lors de sa prise de fonction à la présidence de l'Interprofession des vins de Bourgogne, Louis-Fabrice Latour, affichait clairement sa volonté de voir les deux interprofessions fusionner à moyen terme. De là à écrire que la Bourgogne a encouragé ce divorce à la Beaujolaise...

On imagine pourtant mal une fusion Bourgogne-Beaujolais s'opérer en laissant sur le bord de la route tout le sud du Beaujolais. Si les crus devaient rejoindre l'Interprofession bourguignonne, se sera avec leurs voisins du sud. Mais en sortant, au passage, d'un tête à tête devenu houleux.

 

* Les crus du Beaujolais n'ont pas remis en cause leurs participations à l'interprofession contrairement à ce que de premières informations laissaient entendre (Communication Inter beaujolais). 

* Des passerelles existent entre Beaujolais et Bourgogne depuis la création des AOC en 1935. Les crus peuvent se replier en appellation bourgogne (plus précisément en AOC bourgogne-gamay depuis 2011).

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