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365 jours en Bourgogne

Du rififi chez les bios

12 Juillet 2012 , Rédigé par Laurent Gotti Publié dans #Bio

Dans quelques semaines les premiers vins bios seront officiellement nés. Une "avancée" qui met en évidence des dissensions dans la famille des agrobiologistes.

 

Pampre vigne à Corton"Ce cahier des charges, je m'en fous", réagit sans détour un producteur bio bourguignon souhaitant rester anonyme. Ce dernier évoque la nouvelle réglementation concernant la vinification des vins bios, applicable pour la première fois avec ce millésime 2012. On aurait pu s'attendre à une réaction un peu plus enthousiaste et unanime : voilà 20 ans que les producteurs réclament cette législation. La production de vin bio est enfin réglementée depuis la vigne jusqu'à la mise en bouteille (lire aussi ici). Jusqu'alors, seule la culture du vignoble l'était. Les consommateurs apprécieront cette clarification.

Une nouveauté qui n'est pourtant pas accueillie sous les vivas. On l'aura compris. Cette législation est jugée peu restrictive et trop laxiste par nombre de producteurs bios. Elle est le reflet d'un compromis entre différentes régions productrices dont les contraintes œnologiques sont loin d'être identiques. Ce cahier des charges met  surtout en évidence de sérieuses querelles de famille chez les adeptes du bio.

Entre les tenants de la "bio pour tous", industrialisée diront les mauvaises langues, et les orthodoxes d'un bio campé sur une ligne dure, la faille s'agrandit.  

Certains bios de la première génération, pionniers souvent mal compris ou même dénigrés, ont vu grossir avec plus ou moins de bonheur les rangs des tenants de la "mise au vert". Car dans le même temps, la mode du bio a vu fleurir  les allégations de bon comportement environnemental sur les linéaires des supermarchés : logo AB à tous les rayons. Quand Michel-Edouard Leclerc affirme que le bio n'a pas vocation à être fossilisé, certains crient à la trahison et au dévoiement… Ayatollahs contre opportunistes. Le dialogue n'a rien de facile. Le vin n'échappe donc pas à ces débats.

"On peut imaginer qu’un négociant peu scrupuleux, qui a flairé le bon marché, achète des raisins certifiés et les vinifie dans un esprit éloigné de la bio…", s'inquiète Guy Chaumont vigneron bio près de Givry. "Si la bio est vouée à se cantonner à 1% de la production pour plaire à 3 ou 4 sommeliers parisiens, cela ne m'intéresse pas", persifle de son côté Dimitri Bazas, œnologue de la maison Champy (Beaune).

Cette législation a toutefois le mérite de poser des jalons, de définir un cadre. Elle met aussi fin à des années d'ambigüité et de circonvolutions sémantiques autour de ces vins "pas bios mais issus de raisins bios". En souhaitant que ce premier effort en appelle d'autres…

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