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365 jours en Bourgogne

Ils ont sauté le pas !

8 Février 2013 , Rédigé par Laurent Gotti Publié dans #Bio

Delphine et Sébastien Boisseau sont viticulteurs bio, certifiés depuis 6 ans. Pour continuer à cultiver leurs vignes selon leurs convictions, ils ont fait un choix radical et courageux…
 
La décision n'a pas été simple à prendre. Tourner la page à des années d'adhésion au système coopératif et investir lourdement. Vignerons dans le Mâconnais (Bray), Delphine et Sébastien Boisseau ont pourtant décidé d'aller jusqu'au bras de fer avec la direction de la cave coopérative qui achetait leurs raisins. Pour ce couple de jeunes vignerons, il n'était plus possible de consentir des efforts substantiels pour cultiver leurs vignes en bio et voir finalement leurs raisins vinifiés avec le reste de la production de la Cave. Ils demandaient que leur production (ainsi que celle de deux autres collègues dans le même cas) soit vinifiée à part et valorisée sous le label bio. Je les avais rencontrés au printemps 2011 (voir le film) à ce stade de leur réflexion (lire ici). De tergiversations en hésitations, la direction de la cave leur a finalement signifié qu'une valorisation de leur vin en bio ne serait pas possible avant 2017. "Je ne sais pas dire si cette réaction était davantage politique que financière", analyse Sébastien Boisseau. Quoi qu'il en soit, c'était le délai de trop pour les Boisseau.
 

Cette frilosité les a convaincus de quitter la cave. Un choix plus facile à vouloir qu'à réaliser. Prenant référence sur les statuts de la Cave, la direction leur a réclamé 70 000 € de pénalité. Il est de meilleurs encouragements pour débuter… D'autant que pour les deux jeunes vignerons se profilaient de lourds investissements. Les installations et le matériel pour vinifier eux-mêmes leur premier millésime restaient à faire naitre : cuverie, pressoirs, fûts, etc. Avec l'aide d'un juriste, ils ont réussi à négocier à la baisse leur "bon de sortie". Ils ont finalement vinifié leurs premiers vins en 2012*. Leurs bouteilles seront commercialisées à l'automne prochain.
Pour assurer de la trésorerie plus rapidement, les Boisseau ont vendu une partie de leurs raisins, et des moûts (jus de raisin), à des vignerons bios dont certains sont bien connus (Nicolas Maillet, Franz Chagnoleau, Vincent Dureuil-Janthial…). La qualité de leur travail a abouti à une valorisation de 30 à 50% supérieure à celle qu'ils obtenaient à la Cave !

La morale de l'histoire est à la fois enthousiasmante et navrante. Point positif, la Bourgogne va gagner une nouvelle référence : deux jeunes vignerons passionnés et hyper méticuleux dans leur culture de la vigne. Ils devraient sans tarder se faire un nom parmi les domaines recommandables du Mâconnais. Nous aurons l'occasion de goûter prochainement leurs vins et nous nous en ferons l'écho sur ce blog. Mais le constat est tout même peu reluisant : une structure coopérative de 1 100 hectares, avec les moyens que cela sous-entend, n'a pas saisi l'importance de promouvoir une viticulture labélisée bio. L'exemple de Sébastien et Delphine Boisseau aurait dû servir de levier pour faire évoluer les pratiques d'un plus grand nombre de coopérateurs. Il reste donc encore du chemin à la Bourgogne pour s'imposer comme une référence en matière de viticulture durable.
 
*Le domaine compte 9 hectares sur les appellations mâcon-bray, mâcon-villages, bourgogne rouge, bourgogne aligoté, crémant de Bourgogne.

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D
C'est dommage d'avoir besoin de dénigrer un autre modèle de culture ou d'organisation, sans doute<br /> parce que la qualité des vins est médiocre, alors on s"affirme comme on peut. Et je parle en connaissance<br /> de cause
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